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 Forgive me, if to stroke thy frost outvisions paradise ♔ Avec Aloïs

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Essylt E.-T. Hamilton
Essylt E.-T. Hamilton

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Avatar : Amanda Seyfried
Bric-à-brac :
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Enfants couleur des temps sauvages
A quoi jouez-vous dans la cour
Qui portez des masques de velours
A l'enfer de votre visage
Vous tordez les bras les plus frêles
Faire mal est votre plaisir
Et vous hésitez à choisir
Où blesser est le mieux cruel
Louis Aragon

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« We are such stuff as dreams are made on »
W. Shakespeare
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MessageSujet: Forgive me, if to stroke thy frost outvisions paradise ♔ Avec Aloïs   Forgive me, if to stroke thy frost outvisions paradise ♔ Avec Aloïs EmptyJeu 18 Sep - 21:04


Stroke thy frost.

Aloïs & Essylt


Elle baissa la tête et remonta le col de sa veste en passant sous l'enseigne aux néons rouges en légers grésillements qui indiquait le nom du fameux établissement du quartier d'Eastroad Deep : le cabaret Eat the Rabbit, réputé pour ses spectacles de magie et sa décoration vintage. Il était relativement tard, pourtant la queue n'en finissait pas de s'allonger. Cela faisait près d'un mois que le cabaret ne désemplissait pas, paraît-il en raison de l'aura de mystère qu'exerçait la nouvelle assistante du magicien, qui, disait-on, était une créature enchanteresse. Essylt n'avait suivi tout cela que de fort loin, se désintéressant volontiers des affaires d'Aloïs Goodfellow, et cela d'autant plus que lesdites affaires tenaient à cœur à Noah. Par conséquent, et par esprit de contradiction et mauvaise humeur, ne pas demander à Noah des nouvelles de son meilleur ami était un moyen indirect de contrarier son tuteur. Monsieur Carhays avait souvent fait remarquer à la jeune femme qu'il aimerait beaucoup qu'Aloïs et elle soient plus proches et qu'il n'appréciait pas la froideur dont ils témoignaient l'un à l'égard de l'autre depuis quelques temps. En réalité, Essylt traitait Aloïs avec déférence, et celui-ci évitait de poser les yeux sur elle, mais restait cordial. Elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver un petit pincement au cœur à chaque fois que Noah prônait un "rapprochement" entre eux. Par chance, il ignorait totalement de quoi il parlait. Elle continua de marcher tranquillement pendant encore une trentaine de mètres après avoir dépassé l'entrée du cabaret et la foule qui s'y pressait. Comme convenu avec le cher délinquant qui se faisait surnommer la Bute, le réverbère qui se trouvait là avait été vandalisé avant-hier soir et l'équipe chargée de remplacer les ampoules de la ville n'avait pas encore daigné faire le trajet jusqu'à Eastroad pour s'occuper de celui-ci. C'est donc dans une pénombre presque complète qu'elle se fondit pour approcher d'une petite grille de fer forgé qui barrait l'accès d'un étroit passage entre deux maisons. Ayant au préalable jeté un coup d'œil circulaire autour d'elle, elle prit son élan et sauta la grille en souplesse et le plus silencieusement possible. Elle s'engouffra ensuite dans la venelle obscure, tourna à gauche, et longea le mur décrépit d'une vieille bâtisse jusqu'à arriver devant la porte arrière du cabaret d'Aloïs. De ce côté, au moins, il n'y avait pas un chat. Après avoir enfilé une paire de gants, elle extirpa de son sac à main un pistolet de crochetage dont elle se servit prestement pour déverrouiller la porte qu'elle fit ensuite lentement tourner sur ses gonds. Il était certain que dès demain matin Aloïs ferait ajouter un verrou supplémentaire, après avoir reçu la visite en catimini de l'adjointe du Shérif. Elle arriva ainsi au fond de la coulisse. Il y avait de gauche et de droite quelques portes ornées de plaques en émail qui indiquaient "loges" et d'où filtraient de faibles raies de lumières et quelques bruissements de voix cristallines qu'Essylt identifia comme étant celles de danseuses ou d'apprenties illusionnistes (peu lui importait de connaître la liste des employés du cabaret). Elle passa derrière un portant monté sur roulettes qui croulait sous un amas de costumes pailletés qui, une fois sous les projecteurs, devaient en mettre plein la vue, mais qui, ici, n'étaient que de pauvres ombres affaissées un peu burlesques, avant de descendre d'un demi-degré en empruntant un petit escalier de bois qui menait au bureau du grand patron. C'était en fait une pièce d'apparat qui servait à Aloïs à montrer qu'il n'avait rien à cacher, au cas où la police déciderait de faire une petite descente à l'improviste et, comme elle le prévoyait, il avait poussé le cynisme jusqu'au bout en ne verrouillant même pas la porte dudit bureau. S'il avait quelque objet compromettant en sa possession, il allait de soi qu'il ne le conservait pas ici. Elle regarda sa montre pour constater qu'il était 22h11, aussi s'attendait-elle à voir son hôte débarquer ici très bientôt.

La raison de sa venue était excellente, mais celle du sourire mutin et dédaigneux qui fleurissait sur ses lèvres l'était beaucoup moins. Elle retira sa veste avant de soulever quelques papiers qui s'entassaient sur un guéridon sans s'y intéresser beaucoup cependant. Elle prit ensuite place dans le fauteuil du maître et posa son arme de service devant elle, bien en évidence sur le bureau, fixant la porte entrebâillée qui ne tarda pas à s'ouvrir largement sur la silhouette haute de monsieur Goodfellow.
« J'adore tes nouvelles cartes de visite, déclara-t-elle d'un ton souriant en présentant une de ces cartes qu'elle tenait coincée entre son index et son majeur. Le grain du papier est de très belle qualité, on sent que tu commences à faire la différence entre le luxe tapageur et la finesse du bon goût... »
Elle avait fermé un œil en observant la tranche de la carte, comme pour juger de son épaisseur, puis, le rouvrant, elle s'intéressa à l'inscription qui se trouvait au dos.
« Noah sera aussi ravi d'apprendre que tu as déménagé du côté des beaux quartiers», susurra-t-elle en le guettant du coin de ses yeux verts.
Elle se demandait ce qu'il trouverait à dire pour sa défense. Elle n'espérait néanmoins pas beaucoup de coopération de sa part, ou, plus précisément, elle s'attendait à ce qu'il tourne autour du pot et cherche à détourner son attention. Elle restait de bonne humeur, disposée à employer la manière douce avant d'engager les hostilités contre lui. S'il l'avait longtemps prise pour une enfant, il devait savoir aujourd'hui qu'elle ne se laisserait pas candidement duper par un de ses jolis tours et qu'en règle générale, elle parvenait à ses fins. Comme il n'avait toujours pas parlé depuis son entrée, elle se leva de son siège pour venir se planter devant lui en souriant.
« Tu ne me dis pas bonsoir ? Et, merci, c'est gentil de proposer, je le prendrai bien frais et dans une flûte», ajouta-t-elle en désignant le minibar et en prétendant que son hôte l'avait invitée à boire quelque chose.
Reculant d'un pas, elle s'assit cette fois directement sur le bureau en poussant d'un geste ample les feuilles qui s'y trouvaient, dont certaines se déversèrent sur le sol en une cascade froissée. Elle s'appuya sur les paumes de ses deux mains posées à plat sur le bois vernis, la main gauche non loin de la crosse de son revolver, juste au cas où, même si elle doutait fort qu'Aloïs tâcherait de s'échapper en se mettant à courir hors de la pièce. Avec tout cela, elle avait presque oublié de le trouver beau. Pourtant le charme persistait. Noah avait le chic pour se trouver de séduisants camarades, mais celui-ci, en étant le plus proche, était aussi le plus dangereusement envoûtant. Elle tâchait toujours de fermer les yeux sur ses manières de prédateur distingué, de n'écouter que distraitement le sensuel de sa voix et de ne pas prêter attention à la contraction des muscles de sa mâchoire lorsqu'il serrait les dents pour prendre son air sérieux et inhospitalier. Quant à ses yeux d'un bleu jean qui laissaient subtilement croire qu'il recelait quelque tendresse inespérée, jamais elle ne se perdait à les contempler trop longtemps. Ce serait très banal et innocent pour une petite sœur de fantasmer sur le meilleur ami de son frangin. Cependant, dans cette histoire, elle n'était (vraiment) pas la petite sœur, et pas vraiment innocente non plus : elle se refusait donc à éprouver la moindre convoitise à l'égard d'Aloïs. Une fois, pas deux.

© Codage par Vent Parisien




Dernière édition par Essylt E.-T. Hamilton le Lun 20 Avr - 11:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Forgive me, if to stroke thy frost outvisions paradise ♔ Avec Aloïs   Forgive me, if to stroke thy frost outvisions paradise ♔ Avec Aloïs EmptyJeu 16 Oct - 19:32

Spoiler:



And things are not so easy, so cold and we've been burned


S’il y avait bien une chose qui me mettait de bonne humeur, c’était de voir s’affairer mon petit personnel pour la représentation du soir même. Il était fascinant de voir à quel point ils s’investissaient tous pour un boulot pour lequel ils étaient, généralement parlant, sous-payés. Comme quoi, quand on vous disait que l’argent motivait les troupes, ce n’était pas toujours vrai. Terroriser ou menacer les gens était, selon moi, bien plus efficace. Dans ma panoplie d’huile de moteur j’avais également le chantage. Cela dit, lorsqu’il le fallait, je n’hésitais pas non plus à utiliser la méthode de la carotte, ou tout simplement la manipulation. Qu’importe les moyens au fond si la fin est au rendez-vous, et Aloïs Goodfellow parvient toujours à ses fins.

Guilleret, c’était le meilleur mot pour me décrire, alors que j’arpentais les couloirs de ma propriété. Le Eat the Rabbit était une réussite, un projet dont j’étais particulièrement fier. J’étais grandement redevable à mon estimé ami Noah pour ce qui était du succès de ce cabaret, et j’avais d’ailleurs grandement hâte de l’y accueillir pour célébrer ensemble les 7 ans de notre rejeton. Je prévoyais, à cette occasion, une soirée de toutes les démesures, n’ayant pas peur d’en mettre pleins les yeux –et pleins mes poches- dès qu’il s’agissait de fêter mon succès et celui de mon meilleur ami.
Mais nous n’y étions pas encore. Je commençais déjà à récolter les suggestions auprès des habitués mais aussi du personnel, et notamment auprès d’Héloïse dont l’avis m’était aussi précieux qu’utile. Entre deux arnaques, il fallait bien que je fasse quelque chose d’un peu constructif. Une belle manière de remercier tous les pigeons qui avaient renfloué mes comptes tandis que je vidais leurs poches et leurs portefeuilles à l'abri des regards. Cela dit, à l'occasion de ces festivités, je comptais moi-même me donner en représentation, ce que je ne faisais plus qu'en de très rares occasions depuis que j'étais devenu gérant d'une petite affaire.

Comme souvent alors que l’heure du spectacle approchait, j’étais terré dans une loge dont la porte était flanquée d’un nom renvoyant à un artiste inexistant. J’avais certes un bureau, mais je n’aimais guère me faire déranger alors que je revoyais tranquillement la liste des numéros prévus pour le soir même, raccordant mes violons pour être certain que mon entourloupe du jour se déroule comme prévu. L’ennui avec un bureau, voyez-vous, c’est que l’on sait toujours où vous trouver. J’aimais être insaisissable et invisible, même pour ma propre équipe. La seule personne connaissant ma petite magouille était ma chère Héloïse, qui avait pour ordre de ne venir me déranger qu’en cas d’extrême urgence. Je savais que, contrairement à la plupart des imbéciles qui hantaient les couloirs de mon cabaret, Héloïse savait ce que « cas d’extrême urgence » signifiait.

Je me résolus malgré tout à quitter mon cocon de tranquillité pour aller m’exposer aux doléances de l’équipe. A l’aube d’un nouveau spectacle, il valait mieux que le gérant soit trouvable et disponible tout de même. Le dossier des différents numéros sous le bras, je me dirigeai d’un pas tranquille vers mon bureau officiel. Arrivé en face de la porte menant à mon antre, il ne me fallut qu’un coup d’œil pour savoir que quelqu’un y était entré. Vieille habitude d’escroc, je jouais toujours avec la position de la poignée afin de savoir ce qui se passait en mon absence. La question était maintenant de savoir si mon visiteur avait eu la patience de m’attendre ou s’il avait déguerpi sans demander son reste. Pour cela, je n’avais qu’une seule option : celle d’entrer à mon tour dans la fameuse pièce.
La silhouette, que je pouvais me vanter de connaître, pour l’avoir brièvement parcourue, installée sur mon trône, suscita un léger haussement de sourcil chez moi. On ne pouvait pas franchement dire que je m’attendais à la voir ici, elle qui m’évitait avec soin généralement –et réciproquement d'ailleurs. Mon visage ne laissait rien paraître, mais mes neurones s’activaient déjà dans leur coin pour essayer de savoir ce qui l’amenait ici. Naturellement, il aurait été plus rapide et efficace de lui poser directement la question, mais je n’aimais pas me montrer vulnérable de quelque façon que ce soit, et chacun sait que le savoir, c’est le pouvoir.

Elle me cueillit avec sa phrase d’accroche qu’elle avait, je n’en doutais pas, eu tout le loisir de préparer en m’attendant. Pour sûr, elle avait travaillé son entrée –ou mon entrée, en l’occurrence. Cette simple petite phrase eut au moins le bienfait de me mettre sur la piste quant à la raison de sa visite. J’aurais du me douter que si quelqu’un devait me chercher des noises, c’était nécessairement Essylt. Le potentiel nuisible de cette demoiselle était bien trop important pour son propre bien. En attendant, loin de me laisser démonter, je lui offris un grand sourire jovial.

« Madaaaame le Shérif adjoint »

Je l’accueillis avec un air faussement réjoui, comme je l’aurais probablement fait avec un inspecteur des impôts : avec une insolence à peine dissimulée, me sachant, ou tout du moins me croyant, intouchable. Il fallait bien plus qu’une fouine pour m’inquiéter, même si je connaissais plutôt bien l'étendue des talents de la dite fouine. Si Aloïs Goodfellow se laissait impressionner par la première venue, il ne serait plus là depuis bien longtemps.

« Ou Mademoiselle ? Bon sang. Je m’y perds avec les formalités »

Des badineries, mon domaine d’expertise. Bientôt j’allais lui faire remarquer que les températures s’étaient considérablement adoucies et que c’était un délice de faire une petite balade nocturne à cette heure-ci.

Ponctuant mon commentaire d’un sourire insouciant, je laissai venir la suite des évènements qui, je le savais, n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Et comme je me trompais rarement, je la vis ouvrir la petite carte de visite sous mon regard parfaitement maîtrisé. Une jolie mise en scène pour amener avec une subtilité vicieuse le sujet qui l'intéressait. Naturellement, si la demoiselle surmontait son adversité envers moi, ce n'était pas pour venir faire la causette pu admirer la vue. Elle finit d'ailleurs par cracher ce qui l'amenait ici, avec les formes, toujours, experte lorsqu'il s'agissait de tourner autour du pot. J'en savais quelque chose, entre connaisseurs on s'identifiait aisément.
J'avais en vérité 2 options face à ses accusations déguisées : admettre que j'étais coupable, ou jouer aux cons. Et il se trouvait que, par hasard, je jouais admirablement bien au con, et j'aimais cela également.

« Déménagé ? »

Répétai-je dans un froncement de sourcil, mimant à merveille l'homme qui ne comprenait pas de quoi il était question. Je fis un pas vers le bureau, m'emparant à mon tour d'une des cartes, l'ouvrant, un air d'incompréhension se dessinant lentement sur mon visage alors que je lisais l'adresse que je connaissais pourtant bien. Celle de mon piètre sosie que j'avais décidé de mettre à contribution sans franchement lui demander son avis.

Poussant un soupir, j'affichai un air contrarié alors que je relevais mes yeux bleus vers Essylt. Les miroirs de l'âme disait-on, mais les miens ressemblaient davantage au miroir de la vilaine reine de Blanche Neige, vous montrant davantage ce que vous désirez y voir que la vérité.

« Tu as bien fait de m'en parler pour qu'on puisse modifier ça »

Ajoutai-je, un air de gratitude collé à mon visage. Je reposai la carte de visite que j'avais dans les mains sur le petit tas, reportant toute mon intention sur Essylt, me demandant ce qu'elle allait amener sur la table maintenant. Car pour sur, la demoiselle devait s'attendre à ce que je joue les innocents. Et comme je ne m'occupais certainement pas des basses tâches comme de faire développer mes cartes de visite, il était facile de prôner l'erreur humaine. Pas de trace écrite de ma part, que de l'oral, et les gens sont parfois si tête en l'air... Ou peut être juste très blagueurs ?

« Pour m'avoir sorti d'un mauvais pas, tu mérites bien un verre »

Approuvai-je, le dirigeant vers le minibar, faisant preuve de toute la bonne volonté du monde. Je devais admettre que je m'amusais bien. Comme souvent, c'était en présence de mes détracteurs plutôt que celle de mes amis que je m'épanouissais. Essylt faisait partie des rares personnes qui savaient me divertir autrement qu'à leurs dépends, et c'était en grande partie pour cela que j'avais un certain mal à juste tirer un trait sur notre petite mésaventure. Ca, et le fait qu'elle dégageait cet espèce de charme sournois, celui dont on sait qu'il faut se méfier mais qu'on ne peut s'empêcher de vouloir goûter. Une torture.

« Mm par contre je n'ai que mon Pur Malt ici, pas certain que 'bien frais et dans une flûte' soit la meilleure façon de le boire »

Mon sourire devenait un peu goguenard alors que j'extirpai mon précieux whisky de sa cachette, attrapant au passage entre mon index et mon majeure 2 verres adéquats qui avaient la morphologie inverse de la flûte : petits et trapus. Je les posai sur le bureau, juste à côté de la cuisse gauche de la demoiselle, avant de les remplir à hauteur raisonnable. Je lui tendis son verre d'un geste exagérément courtois, aimant me donner en spectacle comme à mon habitude.

« J'ignorais que mon bureau était plus confortable que mon fauteuil... Étant donné la somme investie dans le siège, je me sens un brin escroqué ... »

L'arroseur arrosé diraient certains. L'expression de mon étonnement s'accompagna d'un petit haussement de sourcils. Que cherchait-elle à faire en se perchant là ? A me dominer ? A me montrer qu'elle faisait bien ce qu'elle voulait même sur mon propre terrain ? Il y avait un dessein derrière la plupart de nos actions. Rien n'était innocent. En tout cas pas chez des gens comme elle et moi. Car même si elle le désirait de toutes ses forces, Essylt ne pouvait pas changer ce qui nous liait tous les deux, au delà d'une brève histoire : nous étions les suppôts du Mensonge.

Alors que je prenais une lampée de mon fameux whisky, un sourire extatique s’installa sur mes lèvres. De là à dire que j’oubliais tous mes soucis lorsque ce délicieux nectar coulait dans ma gorge, il n’y avait qu’un pas. L’art de l’exagération, un atout considérable chez un magicien.

« Concernant les cartes…. je suis sur qu'il s'agit d'une méprise. Les méprises arrivent si facilement. »

Qui aurait cru que je serais celui qui ramènerait le sujet sur la table ?  Evidemment, rien n’était parfaitement ingénu avec moi, je ne m’aventurais pas sur un sentier sans savoir à l’avance où je mettais les pieds.
Mes yeux s'allumèrent comme si je venais d'avoir une révélation, alors que tout ne faisait que suivre son court dans mon ‘esprit. Un grand sourire sur les lèvres, je tendis les mains vers elle.

« Comme quand j'ai cru te voir en Europe aux dernières vacances ! »

Ne me départant pas de mon sourire presque Angélique, mes yeux se firent nettement plus perçants. Je n'avais pas encore eu véritablement l'occasion de ramener le sujet sur la table. J'aurais pu vous dire que je ne pouvais pas manquer une telle opportunité ... Mais Aloïs Goodfellow ne croit pas au destin qui, dans sa grande bonté, jette une occasion en or sur votre chemin. Il croit en revanche à ceux qui provoquent leurs propres chances.  Et d’aucun vous dirait qu’Aloïs Goodfellow est un type extrêmement chanceux….

©️ By Halloween sur Never-Utopia

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MessageSujet: Re: Forgive me, if to stroke thy frost outvisions paradise ♔ Avec Aloïs   Forgive me, if to stroke thy frost outvisions paradise ♔ Avec Aloïs EmptyJeu 25 Déc - 12:22

Spoiler:


Stroke thy frost.

Aloïs & Essylt


Elle décela au premier coup d'œil le bref ascenseur émotionnel dont les câbles ne lâchèrent que pour une seconde au fond des yeux d'Aloïs : autosatisfaction à l'idée du spectacle imminent, car le monsieur était quelqu'un de fier et de très autosatisfait, imperceptible instabilité perplexe au moment où elle prononça sa phrase en pointe alors qu'il franchissait le seuil, puis, presque immédiatement, le retour à la normale avec l'alchimie du sourire ravageur et du regard presque narquois. Trop tard, elle avait eu tout le loisir de constater qu'il ne s'attendait pas à la voir, elle, juchée dans son fauteuil de maître avec des airs de propriétaire des lieux, et, autant qu'elle aimait créer la surprise, elle se réjouissait qu'il ne soit pas particulièrement ravi de la trouver là. A présent ses iris troubles d'un bleu sombre ne lui disaient plus rien, comme Aloïs se mouvait sans hâte jusqu'au milieu de son bureau, avec un air aussi paisible et insouciant que s'il l'avait lui-même invitée de longue date à l'attendre en ces lieux. Elle ne répondit que par un sourire entendu à son exclamation hyperbolique qui l'accueillait bruyamment. Nul doute qu'il ne prenait un ton de conversation enjouée que pour se laisser le temps de savoir précisément ce qu'elle faisait chez lui.
« Je m'en contenterai, merci », dit-elle de sa voix de cristal qui tintinnabulait sur les fins de phrases tout en prenant le verre qu'il lui tendait.
Elle trempa les lèvres dans la boisson couleur or terni de vieux cadre au fond d'un musée, battit des cils deux fois avant de reposer le verre à côté d'elle. Une femme bien élevée fait au moins mine de goûter ce qu'un hôte a l'amabilité de lui offrir, mais elle n'est pas supposée être familière avec ce genre de boisson brutale. L'âpreté qui imprégna son palais n'était pourtant pas sans lui plaire, mais Aloïs n'avait pas besoin de le savoir. Il se doutait certainement qu'elle jouait un rôle, quand elle était ici, à Boulder, le rôle d'une délicate Dreams&Ghost, mais le laisser la soupçonner de dissimulation était follement exaltant, raison pour laquelle elle ne trinquait pas vulgairement avec lui. Elle l'écouta d'un air distrait comme il s'interrogeait sur le choix de son perchoir, et se mit à rire gaiement.
« Tu es tellement drôle quand tu te mets à réfléchir... Tu sais que tu pourrais te permettre de ne penser à rien du tout, avec les yeux que tu as ? Il faut toujours que tu te tortures, que tu cherches à avoir des coups d'avance sur quiconque ose t'approcher... Quelle importance après tout ? »
Elle fit mine de croiser nonchalamment les jambes en pivotant d'un quart sur le bureau, lui adressant un sourire qui irradiait une chaleur soupesée avec soin, une nuée d'amusement voie-lactant son regard à l'absinthe. Elle s'apparentait un peu à la malfaisante Gorgone antique capable de pétrification. Cependant, tout n'était pas délibérément calculé, contrairement à ce qu'elle se faisait croire. Elle laissait filtrer, malgré la dureté intérieure dont elle faisait preuve autant que possible, des émotions vraies qui lui conféraient un air d'indécision et de fragilité bizarre ; le mélange de modestie innée et de vanité affichée la rendait juste assez réelle pour n'être pas confondue avec une vile créature superficielle et dépourvue de sentiment. Ou bien cela aussi relevait-il du calcul ? Elle-même ne devait plus le savoir, ayant depuis trop longtemps adopté des réactions pour sa survie qui étaient désormais en mode automatique.
« Vraiment ? En Europe dis-tu ? Hélas, j'aimerais bien savoir avec quel visage tristement banal tu as eu l'outrecuidance de confondre le mien ! C'est très vilain de me faire comprendre aussi bassement que je suis quelconque. Vois-tu, je n'ai pas pris de vacances depuis... Elle dessina dans l'air un geste ample qui devait hiéroglypher invisiblement l'adverbe "longtemps", avant de reprendre : L'Europe est une excellente idée cependant. Je demanderai à Noah de me conduire à Paris très bientôt, ce serait merveilleux. Tu sais, il ne peut rien me refuser, il est un véritable ange de bonté à mon égard... »
Il fallait bien qu'elle ait cinq ans et demi de conscience affective pour faire ainsi valoir la préférence de son aîné dans le seul but d'irriter Aloïs, mais cette petite guerre entre eux était divertissante depuis assez longtemps pour qu'elle la cultive avec soin. Elle était presque sûre que si un jour elle demandait à Noah d'arracher le cœur d'Aloïs et de lui servir sur un plateau d'argent, son ténébreux protecteur s'exécuterait de bonne grâce. Aussi certainement que lui obéir lui briserait le cœur, car pourfendre Aloïs reviendrait à un fratricide. Fort heureusement pour eux trois, Essylt n'était pas une Lucrèce Borgia nouvelle, et n'exigerait jamais pareil nefas en signe d'affection. Mais, en l'occurrence, elle savait qu'il savait que ses yeux ne l'avaient pas trahi, car c'était bien elle qu'il avait vue en Europe. Elle n'avait aucun compte à lui rendre et c'était sa parole contre la sienne. Il croyait avoir en sa possession une information potentiellement compromettante mais il n'avait aucune idée de ce qu'elle impliquait ni de la manière de s'en servir pour faire pression sur elle. Ainsi n'avait-elle nul besoin de le menacer ou de se sentir en danger face à lui. Il n'avait rien, rien d'autre que de vaines suppositions.
« Dis-moi, Aloïs... »
Elle venait de reprendre son verre et agitait doucement son contenu ambré, semblant soudainement fascinée par la manière dont le liquide tournait en léchant les parois de son contenant.
« Présentes-tu un numéro de prestidigitation avec une cage ? Je raffole des apparitions derrière des barreaux ! »
Elle descendit du bureau et commença à marcher lentement autour de son hôte, souriant d'un air insouciant et continuant de jouer avec son verre.
« Récemment j'ai réussi un tour de passe-passe impressionnant : j'ai fait apparaître un jeune homme dans l'une des cellules du poste de police de Daisy-Yard ! Le plus drôle, c'est qu'il avait les mêmes yeux que toi ! Il n'était pas bien content d'être fait prisonnier, alors il s'est mis à me raconter de jolies histoires, dont je ne sais encore si je dois les croire ou non... »
Elle repassait devant lui à cet instant, marquant une pause pour lui lancer un regard lourd de sens qui semblait vouloir dire : "Ca, très cher, c'est de l'information". Elle en profita pour approcher son verre de celui d'Aloïs et fit passer le reste de son contenu d'un bord à l'autre, prétendant silencieusement vouloir enivrer son camarade. Le verre vide fut reposé sur le bureau tandis qu'elle pointait un index inquisiteur sur le torse du jeune homme.
« Alors dis-moi encore, Aloïs, murmura-t-elle en reprenant ses cercles d'oiseau de proie autour du jeune homme. Si je te mettais en cage, trouverais-tu seulement comment t'échapper ? »
Elle espéra qu'il sentirait bien, tapie sous le velours de sa voix, la certitude qu'elle n'hésiterait pas à lui poser moins gentiment toutes ces questions s'il continuait à la prendre pour une imbécile en plaidant l'erreur humaine. Elle voulait bien minauder pour l'élégance de cet échange cordial, mais elle n'était pas ici pour s'amuser, et, s'il croyait qu'il s'en sortirait avec une cabriole oratoire, c'est uniquement parce qu'il sous-estimait la détermination de la jeune femme. Somme toute, une erreur de débutant.

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