Comme bien des personnes, Imke considère Théo comme un arrogant frimeur trop sûr de lui. Comme bien des personnes, Théo considère Imke comme une pimbêche prétentieuse qui par-dessus le marché doit être un peu folle pour se parler à elle-même à voix haute. Entre eux, ce sont des sarcasmes constants et des accusations mutuelles. Théo trouve que c'est n'importe quoi que la pharmacie ait une "responsable", que les médicaments devraient être en libre-service pour le staff de l'hôpital, et Imke réplique que les drogués narcissiques dans le genre du Dr Stuart ne devraient jamais être en contact avec les patients (voire avec l'espèce humaine), car c'est dangereux pour leur santé. Imke est en réalité la seule créature vivante qui refuse d'entrer dans le jeu de Théo et de lui passer ses caprices sous-prétexte qu'il est un brillant médecin. Elle est donc la seule personne au monde que Théo a vraiment envie de convaincre de son génie. Parallèlement, Théo est peut-être le seul homme qui résiste aussi bien aux jolis yeux tendres de mademoiselle Altmann qu'à ses crises de rage lorsqu'elle n'obtient pas ce qu'elle veut. Il semble imperméable à toute tentative de manipulation, que ce soit par douceur hypocrite ou par colère dévastatrice, ce qui déstabilise beaucoup la jeune femme (qui a l'habitude que les gens fassent ses quatre volontés).

Lorsqu'il a eu onze ans, Nathaniel a été adopté par la noble famille d'Imke, après avoir passé deux ans dans un orphelinat. Imke est donc devenue sa demi-soeur. Au début, les relations entre les deux enfants ont été catastrophiques. Au fond, Nathaniel ne voulait pas arriver à s'entendre avec la petite blonde, qui était du même âge que son amie de l'orphelinat (Essylt Hamilton, mais qui s'appelait à l'époque Ellis Delacour) de qui il avait été arraché : il pensait qu'apprécier Imke aurait été trahir Ellis. Imke, de son côté, ayant été enfant unique jusqu'à ce que Nathaniel entre dans la famille, vit d'un très mauvais oeil l'arrivée du garçon chez elle. Elle ne voulait rien lui prêter ni lui adresser la parole, ni avoir affaire à lui d'aucune manière que ce soit, pensant que ses parents finiraient par le chasser si leur précieuse petite fille ne s'entendait pas avec lui. Mais, le temps passant, les deux enfants se sont pris d'affection l'un pour l'autre et se sont découvert bien des points communs. Ce n'est pas un hasard si, finissant ses études, Imke a choisi Boulder comme lieu de travail : son frère y était déjà installé depuis plusieurs mois et lui a présenté les autres membres du groupe des Dreams&Ghosts. Elle n'a jamais réussi à lui faire prendre goût à la science, mais, en dernier recours, quand le jeune homme a des pièces à conviction à faire analyser et qu'il ne peut vraiment pas se débrouiller par ses propres moyens, il vient régulièrement embêter sa "soeurette" à la pharmacie de l'hôpital où elle travaille pour emprunter clandestinement ses microscopes (ou "loupes de frimeuse", comme il les appelle). On les voit plus souvent se chamailler ou s'envoyer des piques que se faire des câlins, chacun ayant un caractère bien trempé, mais aujourd'hui ils considèrent vraiment qu'ils sont indissociablement frère et soeur, les liens moraux ayant depuis belle lurette pallié le défaut des liens du sang.

Imke et Gabriel sont voisins de palier. On pourrait croire que leur passion commune pour la chimie les aurait rapprochés. Hélas, dans le cas présent, la D&G et le T&F font mauvais ménage. En fait, Gabriel avait lui aussi postulé pour devenir le responsable de la pharmacie de l'hôpital Sainte-Lucie ; Imke et lui étaient les deux derniers candidats en lice et, finalement, c'est Imke qui a eu le poste. Gabriel aurait pu être bon perdant si la jeune femme avait eu la victoire plus modeste, mais ce n'est pas le genre de Imke de serrer la main à l'adversaire et de dire "vous le méritiez autant que moi". Non, si elle a eu le poste, c'est qu'elle est meilleure, point barre, et si le jeune homme ne veut pas l'accepter c'est qu'il est plus idiot qu'il en a l'air, d'après la demoiselle. Une petite guerre puérile a commencée entre les deux. Gabriel n'est pas du genre à "faire son gamin", mais la jeune femme ayant pris ses grands airs avec lui, il a eu envie de se venger : il a trafiqué l'ascenseur de leur immeuble pour qu'il s'arrête pile au moment où Imke était seule dedans, un matin qu'elle partait au travail. Il l'a laissée poireauter à l'intérieur pendant deux heures et demi, et s'était arrangé pour que le bouton d'appel, au lieu de la mette en communication avec le gardien de l'immeuble, soit relié à son propre téléphone : la jeune femme l'a menacé de lui faire avaler une coupe de ciguë de force dès qu'il l'aurait sortie de là, ce à quoi Gabriel a répliqué qu'elle ne sortirait que lorsqu'elle se serait excusée d'être une vraie garce. Depuis cet épisode de l'ascenseur, la guerre est déclarée, et ils ne perdent jamais une occasion de se faire de petites crasses quotidiennes...

L'année dernière, Ely croisa par hasard dans une rue l'homme qu'elle avait torturé et abandonné dans la nature pour qu'il y meure suite à ses blessures. Or, il est bien vivant, seulement amnésique, et se fait désormais appeler Jackson Atwood. C'est folle de rage qu'elle comprit que le jeune homme avait réussi à trouver le chemin de l'hôpital après qu'elle l'avait abandonné, et qu'il y avait été soigné. Donc, pour se venger de tout le personnel médical de l'hôpital, elle décida de mettre le feu au bâtiment. Personne n'est mort, mais l'hôpital entier est parti en fumée (c'est pourquoi désormais seul le petit hôpital Sainte-Lucie est en mesure d'accueillir des patients, le temps que le grand et moderne hôpital de Boulder soit entièrement restauré). Seulement, tandis qu'elle allumait l'incendie, Ely est tombée nez à nez sur Imke, qui sortait de l'hôpital par la porte de derrière, convaincue qu'elle devait aller dans la forêt pour trouver une plante médicinale qui aurait manqué à la pharmacie. Ely n'a pas cherché à savoir qui était cette jolie blonde, elle l'a assommée d'un grand coup derrière la tête. Elle aurait bien voulu l'emmener dans sa cave pour l'assassiner et se débarrasser de ce témoin gênant, mais le temps pressait trop, et elle voulait absolument mettre le feu au bâtiment. Alors, elle a laissé le corps inerte d'Imke sur le parking de l'hôpital, se disant qu'avec un peu de chance elle brûlerait avec, et qu'au pire elle la retrouverait plus tard pour la tuer d'une autre manière. Mais Imke n'a pas été touchée par les flammes et a pu s'échapper dès qu'elle a repris connaissance, de crainte de brûler vive telle une sorcière du temps jadis. D'ailleurs, son évanouissement ne lui a pas fait oublier le visage de la pyromane. Imke croit en fait qu'Ely a deviné qu'elle est en communication avec l'esprit de Catherine La Voisin et qu'elle a voulu la tuer par les flammes pour se débarrasser de cet esprit. Alors, au lieu d'aller porter plainte et de dire qu'elle connaît le visage de la femme qui a fait brûler l'hôpital, Imke a plutôt l'intention de la retrouver elle-même et de passer un accord avec elle : elle ne révèlera pas son identité à la police si Ely promet en échange de la laisser tranquille et de ne dire à personne qu'Imke a le don de parler avec une sorcière morte il y a plusieurs siècles. Et, pour être sûre que cette conversation se passe bien, Imke projette de préparer un très fort poison qu'elle a bien l'intention d'injecter à Ely au moindre geste suspect de sa part.

Quand ils étaient petits, ils ont passé deux ans dans le même orphelinat. C'était à l'époque où Nathaniel ne prononçait pas le moindre mot. La petite fille est la seule qui ait jamais réussi à entrer en communication avec lui, durant toute la période de ses "années sombres". Elle parlait beaucoup, lui inventait des histoires. Il ne parlait pas du tout, mais ils se comprenaient, par signes, par petits dessins, ou même sans rien avoir à faire pour cela. Comme il n'a même pas pu lui dire son prénom, elle l'a baptisé "Watson", comme le meilleur ami de Sherlock Holmes, dont ils aimaient lire les histoires. Et il aimait qu'elle l'appelle comme cela. Le fait d'avoir enfin un ami, aussi silencieux soit-il, a redonné à la petite fille une gaieté et une joie de vivre qu'elle avait perdues. Mais Nathaniel a été adopté avant son amie, et la séparation fut un véritable déchirement. Ils ne purent pas l'exprimer ni le comprendre, à l'époque, mais ce fut pour eux comme de s'arracher un morceau d'eux-mêmes. Nathaniel se promit ce jour qu'il la retrouverait, quoiqu'il arrive, qu'il ne l'oublierait jamais. C'était la toute première fois qu'il prononçait une phrase depuis longtemps, il lui a dit : "Ca me prendra peut-être quinze ans mais je te retrouverai", et c'est sur cette promesse, sur cet espoir qu'il a vécu pendant longtemps. C'est ainsi qu'il est devenu détective privé et que son obsession est de retrouver les personnes disparues. Parce qu'il ne veut surtout pas que qui que ce soit ait à vivre ce qu'il a vécu : la séparation d'avec la personne que l'on aime le plus au monde. Dès qu'il le put, il retourna à l'orphelinat et exigea de savoir ce qu'était devenue la petite "Ellis Delacour" (dite Lys, à l'époque). On lui apprit qu'elle était morte un mois après qu'il ait lui-même quitté l'orphelinat. La douleur aurait pu lui faire perdre la tête s'il n'avait pas eu une conviction bien simple : si Lys était vraiment morte, il l'aurait senti, physiquement, et sans doute en serait-il mort avec elle. Elle a simplement dû disparaître, changer de nom, d'identité. Et maintenant qu'il est un excellent détective, il a bien l'intention de mettre tout en œuvre pour la retrouver. D'ailleurs, il est peut-être sur une piste, et, comme si leurs âmes étaient liées, ils ont eu le bon goût de se venir habiter dans la même ville... Soyez les bienvenus chez nous, mes mignons !

D'habitude, Nathaniel ne s'intéresse qu'aux affaires de personnes disparues ou présumées mortes. Pourtant, la dernière fois qu'il est allé faire une petite visite de courtoisie à ses amis de la police, il a remarqué une carte de la région sur laquelle étaient tirés des traits. Il n'eut pas à chercher longtemps pour savoir que ces chers enquêteurs sont sur la piste d'un mystérieux voleur de tableaux, qui a la drôle de manie d'emprunter pour trois jours les toiles de maîtres avant de les remettre là où il les a trouvées dans le musée, sans les avoir abîmés le moins du monde ni laissé la moindre emprunte dessus. Nathaniel n'est pas sans savoir qu'une exposition spéciale de Delacroix va avoir lieu au club Art Cynique très bientôt... Parallèlement, il a rencontré par hasard ce Maxwell Collins, qui est le propriétaire de la papeterie Le Marque-Page. Mais, comme aucun détail ne saurait échapper à monsieur Rochester, celui-ci a remarqué sur les doigts du vendeur un très léger reste de peinture à l'huile d'une qualité rare : ce n'est pas le genre de peinture que l'on puisse trouver dans une petite papeterie de quartier. Nathaniel ne pense pas que ce Maxwell soit le voleur de tableaux que la police tente de prendre en filature... Il pense cependant que cet homme n'est pas le simple vendeur à la vie monotone qu'il prétend être. Aussi a-t-il décidé de l'épier, de tout savoir de son emploi du temps. Ils sont devenus amis, d'abord parce que Nate avait besoin de se rapprocher de lui pour l'observer... Mais, en réalité, notre détective a conscience que ce Max est bien le seul véritable ami qu'il ait jamais eu, et, s'il n'était pas aussi obsédé par la recherche de la vérité, sans doute serait-il triste de devoir jouer un double jeu auprès de ce camarade avec qui il s'entend si bien...

Lorsque Sixteen s'est enfuie de chez elle en faisant croire à un enlèvement, elle n'avait pas pris en compte le fait que ses nobles parents contacteraient directement policiers et détectives pour la retrouver. La situation a pris des proportions qu'elle n'aurait jamais imaginées. La police a fait appel à un enquiquineur de première, monsieur Nathaniel Rochester, pour la retrouver, et cela lui prit moins de dix jours. Quand il est venu frapper à la porte de sa nouvelle maison le 22 janvier 2009, arborant un sourire fier de lui, Sixteen lui a proposé un marché : il dut attendre trois jours avant de dire à ses parents qu'il l'avait retrouvée. Pourquoi trois jours ? Mais parce que, le 25 janvier 2009, Sixteen a fêté ses vingt-et-un ans, et, ainsi, grâce au silence de Nathaniel, elle n'a pas été forcée de retourner chez ses parents comme ils l'ont exigé. Nathaniel a accepté ce délai car lui-même n'était pas extrêmement pressé de retourner là d'où il venait, comme la ville d'adoption de Sixteen lui plaisait bien à lui aussi. Et en plus, désormais, la jeune femme lui est redevable, et Sixteen a vraiment l'intention de trouver une façon de lui rendre la pareille, dès que l'occasion se présentera. Nathaniel, quand à lui, est trop heureux d'avoir réussi à retrouver Sixteen, car il sent que cela le mène tout droit à d'autres pistes intéressantes pour de futures enquêtes...

Lorsqu'il a eu onze ans, Nathaniel a été adopté par la noble famille d'Imke, après avoir passé deux ans dans un orphelinat. Imke est donc devenue sa demi-soeur. Au début, les relations entre les deux enfants ont été catastrophiques. Au fond, Nathaniel ne voulait pas arriver à s'entendre avec la petite blonde, qui était du même âge que son amie de l'orphelinat (Essylt Hamilton, mais qui s'appelait à l'époque Ellis Delacour) de qui il avait été arraché : il pensait qu'apprécier Imke aurait été trahir Ellis. Imke, de son côté, ayant été enfant unique jusqu'à ce que Nathaniel entre dans la famille, vit d'un très mauvais oeil l'arrivée du garçon chez elle. Elle ne voulait rien lui prêter ni lui adresser la parole, ni avoir affaire à lui d'aucune manière que ce soit, pensant que ses parents finiraient par le chasser si leur précieuse petite fille ne s'entendait pas avec lui. Mais, le temps passant, les deux enfants se sont pris d'affection l'un pour l'autre et se sont découvert bien des points communs. Ce n'est pas un hasard si, finissant ses études, Imke a choisi Boulder comme lieu de travail : son frère y était déjà installé depuis plusieurs mois et lui a présenté les autres membres du groupe des Dreams&Ghosts. Elle n'a jamais réussi à lui faire prendre goût à la science, mais, en dernier recours, quand le jeune homme a des pièces à conviction à faire analyser et qu'il ne peut vraiment pas se débrouiller par ses propres moyens, il vient régulièrement embêter sa "soeurette" à la pharmacie de l'hôpital où elle travaille pour emprunter clandestinement ses microscopes (ou "loupes de frimeuse", comme il les appelle). On les voit plus souvent se chamailler ou s'envoyer des piques que se faire des câlins, chacun ayant un caractère bien trempé, mais aujourd'hui ils considèrent vraiment qu'ils sont indissociablement frère et soeur, les liens moraux ayant depuis belle lurette pallié le défaut des liens du sang.

C'est l'histoire d'une petite fille qui était orpheline et qui échappait toujours à la vigilance des adultes, s'enfuyant régulièrement au-delà des murs du foyer. Un jour, après une énième fugue, la demoiselle rencontra un jeune homme qui avait l'air triste et ennuyé. Leur histoire ensemble commence là où leur vie séparés s'achève : depuis le jour de leur rencontre, ils ne se sont pas quittés. La jeune fille ne fut plus jamais orpheline, et le jeune homme ne fut plus jamais triste ni ennuyé. En effet, Noah recueillit Essylt lorsqu'elle était âgée de douze ans, et ils s'aidèrent mutuellement à s'épanouir. D'ailleurs, cela lui a pris un an pour pouvoir devenir son tuteur légal, et ce uniquement parce qu'il a fait jouer beaucoup de ses relations (ces idiots de juges le trouvaient d'abord trop jeune pour élever la jeune fille !). Essylt idolâtre complètement Noah et ce dernier préfèrerait que le monde entier soit anéanti plutôt que de la voir blessée (quand elle était plus jeune, il suffisait qu'elle ait un simple rhume pour qu'il en veuille à toute la planète et qu'il brûle de rage jusqu'à ce qu'elle soit guérie). Aujourd'hui, en société, ils s'amusent de ce que les gens ne savent jamais comment les considérer ; aussi Noah présente-t-il Essylt tantôt comme sa petite sœur, tantôt comme sa meilleure amie, quelquefois comme sa fiancée, et il est vrai qu'au fond elle se plait à jouer tous ces rôles auprès de lui. L'étrange affection qu'ils éprouvent l'un pour l'autre n'aide pas Noah à se débarrasser de l'aura de mystère malsain qui l'entoure... mais certains jureraient que cette sombre réputation le divertit trop pour qu'il veuille vraiment s'en départir !

Quand ils étaient petits, ils ont passé deux ans dans le même orphelinat. C'était à l'époque où Nathaniel ne prononçait pas le moindre mot. La petite fille est la seule qui ait jamais réussi à entrer en communication avec lui, durant toute la période de ses "années sombres". Elle parlait beaucoup, lui inventait des histoires. Il ne parlait pas du tout, mais ils se comprenaient, par signes, par petits dessins, ou même sans rien avoir à faire pour cela. Comme il n'a même pas pu lui dire son prénom, elle l'a baptisé "Watson", comme le meilleur ami de Sherlock Holmes, dont ils aimaient lire les histoires. Et il aimait qu'elle l'appelle comme cela. Le fait d'avoir enfin un ami, aussi silencieux soit-il, a redonné à la petite fille une gaieté et une joie de vivre qu'elle avait perdues. Mais Nathaniel a été adopté avant son amie, et la séparation fut un véritable déchirement. Ils ne purent pas l'exprimer ni le comprendre, à l'époque, mais ce fut pour eux comme de s'arracher un morceau d'eux-mêmes. Nathaniel se promit ce jour qu'il la retrouverait, quoiqu'il arrive, qu'il ne l'oublierait jamais. C'était la toute première fois qu'il prononçait une phrase depuis longtemps, il lui a dit : "Ca me prendra peut-être quinze ans mais je te retrouverai", et c'est sur cette promesse, sur cet espoir qu'il a vécu pendant longtemps. C'est ainsi qu'il est devenu détective privé et que son obsession est de retrouver les personnes disparues. Parce qu'il ne veut surtout pas que qui que ce soit ait à vivre ce qu'il a vécu : la séparation d'avec la personne que l'on aime le plus au monde. Dès qu'il le put, il retourna à l'orphelinat et exigea de savoir ce qu'était devenue la petite "Ellis Delacour" (dite Lys, à l'époque). On lui apprit qu'elle était morte un mois après qu'il ait lui-même quitté l'orphelinat. La douleur aurait pu lui faire perdre la tête s'il n'avait pas eu une conviction bien simple : si Lys était vraiment morte, il l'aurait senti, physiquement, et sans doute en serait-il mort avec elle. Elle a simplement dû disparaître, changer de nom, d'identité. Et maintenant qu'il est un excellent détective, il a bien l'intention de mettre tout en œuvre pour la retrouver. D'ailleurs, il est peut-être sur une piste, et, comme si leurs âmes étaient liées, ils ont eu le bon goût de se venir habiter dans la même ville... Soyez les bienvenus chez nous, mes mignons !

En tant qu'éminent Criminologue, Gaspard est quelquefois sollicité par les autorités locales (pas très souvent heureusement, car ce serait mauvais signe qu'un trop grand nombre de dangereux criminels courent dans une aussi petite ville que Boulder, n'est-ce pas ?). Celle à qui il a généralement affaire dans ces cas-là n'est autre qu'une toute frêle et toute jeune femme nommée Essylt Hamilton. En outre, les fois où celle-ci lui a demandé son opinion pour certains profils criminels, il s'est bien aperçu qu'elle l'interrogeait sur des affaires dont les journaux locaux n'ont jamais parlé. Les deux premières fois, elle lui a tenu un petit discours souriant saturé de petites plaisanteries mignonnes visant à le prier de garder pour lui ce qu'il aura eu l'occasion de lire et d'affirmer au cours de leurs entretiens, mais il a bien senti une sorte de sauvagerie en sourdine au fond de la voix de mademoiselle Hamilton : de toute évidence, elle n'est pas le genre de créature à qui il est sage de désobéir et, quand elle prend un ton mielleux, elle sait se faire très bien comprendre sur ce point. Il est évidemment fortement intrigué par cette jeune femme qui semble cacher sous une élégante délicatesse une singulière férocité. Quant à Essylt, elle apprécie Gaspard humainement et professionnellement, elle l'admire et estime son opinion. Elle lui fait confiance pour garder secrets les éléments d'enquête qu'elle lui dévoile en partie lors de leurs entretiens au poste de police, mais elle se doute également qu'il est curieux de savoir pourquoi elle l'interroge sur des profils inconnus du public, et suffisamment intelligent pour deviner qu'elle n'est pas exactement ce qu'elle prétend. De tout son cœur, elle espère qu'il sera plus raisonnable que curieux, et qu'il ne lui viendra jamais à l'idée d'enquêter pour savoir ce qu'elle est réellement.

Ce n'est quand même pas de sa faute s'il a un mauvais a priori sur les Dreams&Ghosts, si ? Oui bon, peut-être que c'est puéril mais voilà, Jude ne les aime pas trop, c'est tout. Ces gens-là ont une vision très simpliste de l'histoire, ils s'attachent obsessionnellement à une période particulière et occultent le reste, et puis ils sont bien trop farfelus à son goût. Malheureusement pour lui, la deuxième fois que, s'étant fait tabasser à cause d'un certain Goodfellow, il a décidé d'aller porter plainte au commissariat, c'est sur une digne représentante de ce groupe, mademoiselle Hamilton, qu'il est tombé. Un peu agacé, il a peut-être oublié ses bonnes manière une minute et demandé à parler au Shérif Jayden Taggart. Il aurait mieux fait de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler, car la jeune femme, vexée, lui a tant embrouillé l'esprit qu'il en est venu à être grossier et qu'il... a passé la nuit derrière les barreaux, ce qui était censé, d'après mademoiselle Hamilton, "lui remettre les idées en place". Pour couronner le tout, la jeune femme, sans doute d'humeur taquine, lui a fait du chantage : elle ne lui tiendrait pas rigueur de son écart de conduite s'il jurait sur l'honneur d'être son partenaire au prochain bal organisé par les D&G. Elle ajouta que cela lui permettrait peut-être d'apprendre à être plus ouvert d'esprit, ce qui a évidemment piqué au vif le jeune professeur. Néanmoins, ne tenant plus à faire de vague et souhaitant par-dessus tout rentrer chez lui, prendre deux aspirines, et dormir, il accepta le compromis proposé par Essylt Hamilton et quitta le commissariat avec plaisir. De son côté, Essylt a fait semblant de ne pas prendre au sérieux les dires du professeur, mais elle a compris qu'il a été blessé par des hommes qui en veulent à Aloïs Goodfellow. Si elle l'a gardé en détention, c'est pour qu'il ne traine plus dans les rues cette nuit-là et qu'il ne risque pas d'avoir d'autres ennuis. Pourtant, Aloïs étant le meilleur ami de son protecteur, elle a bien l'intention d'aller lui dire deux mots, pour comprendre pourquoi ce pauvre Jude Brighten s'est fait attaquer.

Il y a cinq ans, alors que monsieur Beauregard (récemment rebaptisé Jackson Atwood) était un délinquant et camé notoire, Ely venait à peine de quitter son Angleterre natale pour découvrir les Etats-Unis, trop heureuse de quitter les membres de sa famille "bon chic bon genre" qui l'oppressaient. Avide de tout découvrir de la vie en autonomie, elle a commencé à sortir en boîte, à toucher un peu à la drogue, à avoir de mauvaises fréquentations. Ayant participé à la même soirée un peu glauque, ni l'un ni l'autre ne devait se rappeler de l'enchaînement des évènements qui les a conduits tous les deux au fond d'une petite ruelle derrière un pub, mais Ely n'oublia jamais que le jeune homme était trop mal en point pour accepter de la laisser s'enfuir quand elle a dit "stop". Et cette agression a tant hanté Ely qu'elle ne s'est plus jamais droguée mais qu'elle a aussi développé un comportement associable, voire obsessionnellement psychopathe. C'est par hasard que, deux ans après l'évènement déclencheur, elle croisa de nouveau la route du Beauregard, dans le petite ville de Boulder où elle venait d'emménager avec la volonté de changer de vie. Elle a alors décidé de se venger. Elle a dragué le jeune homme (qui ne se souvenait évidemment pas d'elle) et a mis dans son verre une quelconque substance qui lui a fait perdre connaissance à peine une minute après qu'ils avaient quitté le bar. Elle l'a embarqué discrètement à l'arrière d'un fourgon et l'a conduit dans une cave où elle l'a torturé pendant plusieurs semaines d'affilée : électrocution, mutilations diverses, et autres noyades n'étant pas suffisantes, elle l'a littéralement laissé pourrir quelques jours supplémentaires avec pour compagnons trois ou quatre rats affamés, avant de se lasser et de finalement relâcher le jeune homme (devenu amnésique sous la torture) dans la nature. C'est ce qu'Ely appelle donner une bonne leçon. Le problème, c'est qu'elle a pris goût à la sauvagerie et que, n'ayant plus de vengeance à accomplir, elle risque de se chercher une nouvelle cible pour réitérer l'expérience. Quant au jeune homme, il a miraculeusement survécu et, depuis à peine trois ans qu'il a été libéré, il ne se souvient toujours pas du visage de sa tortionnaire, et tâche de se reconstruire comme il le peut, sans se douter que la jeune femme habite encore la même ville que lui. A vrai dire, il n'a même pas envie de mener une enquête pour connaître son identité, et il a au fond très peur que la mémoire lui revienne complètement...

Quand Jackson a franchi les portes de l'hôpital, à moitié conscient, presque nu et couvert de sang, c'est October qui l'a immédiatement pris en charge et qui a supervisé son admission. Pendant des jours, il est resté dans un état de demi-conscience, incapable de communiquer, émettant des grognements plaintifs plus que des mots. Les médecin ont dénombré un nombre effrayant d'ecchymose et de cicatrices sur le corps meurtri du jeune homme, des côtes cassées, des plaies à peine refermées... October l'a veillé nuit et jour, échangeant ses gardes pour pouvoir rester avec lui, négligeant ses propres besoins. Lorsqu'il est enfin revenu à lui, le visage d'October est le premier qu'il vit et le seul dont il se souvenait à peu près en ce qui concerne les quelques jours qu'il venait de passer à l'hôpital. Elle continua de le soigner avec la tendresse d'une soeur, et l'encouragea à se remettre sur le droit chemin, lorsqu'il fut assez en forme pour quitter l'hôpital, un mois après son admission. Comme il souffre d'une amnésie rétrograde, il a oublié la plupart des épisodes passés et en a profité pour se construire une nouvelle identité. Depuis, il considère October tout simplement comme son ange, et la jeune femme le traite comme un petit frère plutôt que comme un ancien patient ayant subi les pires sévices. Pourtant, même s'ils n'en parlent jamais, ils savent tous deux qu'il y a de grandes chances pour que, un jour, Jackson se souvienne... de tout.

Mademoiselle Taggart s'est mise au sport depuis que Jackson Atwood est prof à l'Université. Comme beaucoup de filles de la fac, d'ailleurs. Elle s'est inscrite au module "athlétisme / escalade" et passe donc deux heures par semaine soit à courir soit à grimper rien que pour les beaux yeux du prof de sport le plus sexy de l'univers. En plus c'est un D&G, et même si pour Tazmin les membres de ce groupe sont vraiment tous gentiment fêlés, elle trouve que cela confère un charme encore plus particulier à monsieur Atwood (un sportif sensible !). Hélas, au dernier cours d'escalade, Tamzin est tombée d'assez haut et s'est foulé la cheville. Jackson s'en veut énormément qu'une élève se soit blessée pendant son cours, et, peut-être dans l'espoir de se racheté, il a proposé à la demoiselle de la raccompagner tous les soirs chez elle en voiture, puisqu'elle doit marcher le moins possible. Tamzin a évidemment accepté cette proposition en essayant tant bien que mal de dissimuler sa joie. Pourtant, maintenant qu'ils commencent à faire connaissance, Tamzin a une impression bizarre auprès de lui : d'habitude, le "pouvoir" de la jeune femme lui permet d'anticiper sur les émotions de son interlocuteur et d'être vraiment en connexion avec lui, mais, avec Jackson, c'est comme si ses ondes mentales étaient brouillées... elle ne saurait comment l'expliquer mais, avec lui, elle se sent tout à fait normale, comme démunie de son pouvoir surnaturel qui en temps normal lui permet d'anticiper sur l'avenir. C'est un peu comme si Jackson n'avait... aucun avenir. Si monsieur Atwood savait de quel pouvoir Tamzin se croit dotée, il pourrait peut-être se confier à elle et lui dire que, si elle n'arrive pas à savoir ce que l'avenir lui réserve, c'est parce que d'après lui il est déjà mort. Mais l'un et l'autre sont trop intimidés pour se faire des confidences aussi intimes, pour le moment.

Depuis quelques mois, Jackson travaille comme bénévole auprès de la prison de Eastroad Deep pour discuter avec les plus jeunes incarcérés et essayer de les aider. Il se rend également régulièrement au poste de police pour établir le dialogue avec les jeunes qui sont gardés pour une nuit en cellule de dégrisement (souvent des G&N avouons-le). Mais, la dernière fois qu'il y est allé, il a voulu établir un contact avec une jeune fille dont l'adjoint du Shérif, mademoiselle Hamilton, lui a dit qu'elle s'appelle Sacha Beauregard, qu'elle a vingt ans, et qu'elle est soupçonnée de tentative de racolage au milieu d'Eastroad. La jeune emprisonnée n'a pas daigné lever le nez vers lui pendant un long moment, lui demandant pourtant d'aller se faire foutre une ou deux fois, mais, quand enfin elle posa un regard sur cet emmerdeur qui prétendait lui parler du bien et du mal, elle eut un choc. C'était son frère. Son frère qu'elle n'avait pas revu depuis sa fugue (ça fait déjà trois ans !) mais qui lui avait pourtant manqué. Elle l'appela par son prénom, lui dit qu'il lui avait profondément manqué, mais le jeune homme se contenta de froncer les sourcils et de lui dire qu'il ne la connait pas. Sacha insista un peu mais Jackson n'avait pas envie de lui dire qu'il a perdu la mémoire : il n'a envie de se rappeler de rien qui concerne les tortures qu'il a subies. Il s'est excusé auprès de la jeune fille et a pris la poudre d'escampette, quittant le poste de police précipitamment. Sacha ne comprend pas la réaction de son frère. Elle croit qu'il lui en veut profondément de s'être enfuie de chez eux, mais elle ne lui pardonnera jamais d'avoir fait comme s'il ne la connaissait pas, comme s'il l'avait rayée de son existence, et de l'avoir abandonnée au commissariat.

Il y a des gens qui possèdent des oiseaux, ils les mettent en cage, des poissons, ils les mettent sous verre... Aloïs possède une princesse du feu, et il n'est pas prêt de vouloir la regarder s'envoler. Héloïse est sa captive. Elle travaille pour lui, au cabaret, fascine les spectateurs avec ce qu'ils croient tous être des "tours de magie", pendant qu'Aloïs vide leurs poches discrètement. Elle n'arrive pas à saisir le caractère de son patron, qui se montre parfois tendre comme un frère avec elle, parfois implacable et cassant, la traitant presque comme une esclave. Comment une jeune femme réservée et intelligente en est-elle venue à vouer une obéissance sans borne au propriétaire du Eat the Rabbit ? C'est parce qu'Aloïs lui a promis d'aider sa soeur [Sacha Beauregard] à se sortir de ses problèmes de drogue. Il est la première personne dont Héloïse a fait la connaissance en arrivant en ville, il a été gentil avec elle et l'a prise sous son aile. Il lui a dit que, tant qu'elle resterait à lui, qu'elle travaillerait au cabaret, elle aurait toujours un toit au-dessus de sa tête et quelqu'un pour la protéger. Désespérée comme elle est, Héloïse se trouve finalement assez chanceuse de l'avoir auprès d'elle, et tout ce qu'elle souhaite est de réussir à se faire suffisamment aimer du jeune homme pour que ses crises de colère finissent par passer. De son côté, Aloïs est complètement déstabilisé par la jeune femme. Par moments, il la méprise tout à fait et se plait à se montrer méchant avec elle, mais, à d'autres moments, il aimerait l'élever sur un piédestal et lui vouer un culte, tant elle le fascine et l'enchante.

Sacha est la petite soeur d'Héloïse. Cette dernière a toujours éprouvé le besoin de protéger sa cadette, que ce soit contre leurs parents brutaux ou contre elle-même, car la jeune demoiselle a des problèmes de drogue depuis ses quatorze ans. Héloïse a toujours fait tout ce qu'elle pouvait pour sa soeur, elle l'a pardonnée de tout ce qu'elle a pu lui faire, ou lui dire, et ce fut la première à s'en vouloir en apprenant la fugue de la benjamine de la fratrie. Quant à Sacha, elle n'a jamais fait très attention à Héloïse, qu'elle soupçonne d'hypocrisie, ne pouvant pas croire que sa grande soeur s'inquiète réellement pour elle. Sacha veut partir, Héloïse veut reformer ce qui est cassé. Après la fugue de Sacha, Héloïse s'est lancée à sa recherche. Elle fut la seule à vouloir véritablement la retrouver. Et elle la retrouva. Ou du moins, elle trouva une jeune femme droguée et dénuée de tout. Elle lui demanda de rentrer avec elle, de quitter cette ville. Comme d'habitude, et de manière encore plus marquante de d'ordinaire, Sacha ne l'écouta pas et la repoussa violemment. Héloïse n'abandonna pas et lui expliqua qu'un homme [Aloïs Goodfellow] pouvait l'aider pour ses problèmes de drogues, et qu'il fallait qu'elle le rencontre. Sa petite soeur, refusant d'admettre qu'elle allait mal, déclina sa proposition, clôturant la conversation par un haineux : "Va au diable, Héloïse !"

Depuis qu'il habite cette ville remplie de barjos, Ewan n'avait encore jamais été touché par personne, n'avait pas même eu envie de se lier d'amitié avec qui que ce soit, jusqu'à ce qu'il franchisse par hasard les portes d'un cabaret un peu miteux mais très vintage nommé Eat the Rabbit, et qu'il y rencontre Héloïse Beauregard. Elle était sur scène lorsqu'il prit place et faisait son numéro habituel de danse du feu. Il s'est immédiatement senti fasciné par elle et, après le spectacle, il s'est discrètement glissé dans les coulisses pour pouvoir lui parler. Héloïse a apprécié ses compliments mais a surtout paniqué à l'idée qu'Aloïs la voit en train de discuter avec un inconnu. Au bout de quelques minutes, Ewan réussit à faire dire à la jeune femme que le cabaret appartient à Aloïs Goodfellow et qu'elle-même habite l'appartement qui se situe au-dessus du cabaret. Il comprit dès lors que le Goodfellow, pour une raison qui lui échappe, a réussi à garder Héloïse plus ou moins sous son emprise. Dès lors, Ewan s'est mis en tête d'aider Héloïse à s'enfuir, quitte à mettre en scène un enlèvement. Il a pensé à tout, même à "emprunter" une certaine somme d'argent à Sixteen Harold pour la donner à Héloïse mais, quand tout fut presque prêt et qu'il retourna au cabaret pour en informer discrètement la princesse du feu, celle-ci lui annonça qu'il était hors de question qu'elle quitte Boulder sans emmener sa petite soeur avec elle. Or, cette sœur, Ewan apprit qu'elle s'appelle Sacha, et il finit par comprendre qu'il s'agit de cette même Sacha avec qui il a quelques comptes à régler...

Pour l'une comme pour l'autre, six ans leur semble être une éternité. Pourtant, il y a six ans, Héloïse et Capucine vivaient toutes deux à Montrose, une petite ville du Colorado encore plus paumée et minuscule que Boulder. Et, à l'époque, les deux filles étaient amies. Héloïse a toujours été très douée à l'école et avait même réussi à sauter une classe, quand elle avait douze ans, si bien qu'elle s'est retrouvée en Terminale dans la même classe que Capucine. Malheureusement, c'était une époque où Héloïse avait de plus en plus de mal à suivre les cours et qu'elle séchait presque un jour sur deux, car sa petite soeur était tombée dans la drogue et que son père continuait de la battre violemment. Capucine était seulement à moitié au courant des difficultés familiales d'Héloïse et éprouvait énormément de tristesse et de compassion pour son amie qui avait une vie si compliquée. Elle s'occupait de lui prendre les cours les jours où Héloïse était forcée de rester chez elle, et de lui remonter le moral lorsqu'elle craquait sous la pression. Cependant, les aléas le la vie ont fini par les éloigner, et chacune faut prise dans d'énormes problèmes personnels qui les poussèrent à quitter Montrose. Qui aurait pensé que, des années après, elles se retrouveraient toutes les deux dans la jolie ville de Boulder ?

Théa et Max se sont rencontrés à la fac. Ou plus précisément, Max a observé Théa, à l'époque où elle était en première année de fac. Il l'a suivie, discrètement, et il ne l'a pas quittée des yeux pendant plusieurs jours. Cela peut vous sembler malsain, mais en fait, Max avait simplement remarqué qu'il y a quelque chose de spécial chez elle, et il ne s'était pas trompé. En plus d'être belle et brillante, elle est aussi très douée pour voler des objets, et elle semble avoir un caractère bien trempé. Il l'a vue voler deux bâtons de rouge à lèvres, une encyclopédie à la bibliothèque, et un téléphone portable dans la poche d'un homme dans un bar. Elle n'a peur de rien. Mais il s'est fait prendre. Un jour qu'elle sortait d'une boutique où elle venait de subtiliser une paire de boucles d'oreilles, elle s'est brusquement tournée vers lui et l'a plaqué contre un mur, exigeant de savoir ce qu'il lui voulait et pourquoi il la suivait partout. Il lui a répondu qu'ils pourraient s'associer. Elle volerait pour lui des tableaux de maîtres qu'il recopierait à la perfection, et elle remplacerait les vrais par ses faux, et ainsi pourraient-ils vendre les originaux à de riches acquéreurs. C'est simple : elle vole, il peint, elle remplace, ils vendent et se partagent les bénéfices. Les voici donc "partners in crime" et, surtout, meilleurs amis du monde.

Au début, Max n'avait rien contre cet homme un peu étrange, car, après tout, lui-même n'est pas exempt de bizarrerie... En fait, il s'est même mis à apprécier ce dandy un peu bohème, profondément intelligent quoique jamais au courant des dernières actualités ou incapable de donner le nom du Président actuel. Mais Nate pose beaucoup de questions, des questions directes et parfois brutales, qui mettent mal à l'aise notre artiste frauduleux... Alors, Max s'est renseigné de son côté au sujet de son ami, et a découvert sans trop de difficulté qu'il est un détective privé consultant pour la police. Cette information précieuse a bien failli faire complètement paniquer Maxwell, mais, grâce aux conseils de Théa, il a décidé d'agir exactement comme s'il ignorait la profession de Nathaniel. Il cultive ce semblant d'amitié pour ne pas paraître suspect aux yeux du détective, et pour l'empêcher de découvrir son secret. C'est tout de même dommage qu'ils soient obligés de jouer ce jeu du chat et de la souris, car, au fond, ils étaient faits pour s'entendre et se complétaient bien...

Ca fait presque trois ans qu'Ely a relâché celui qui se fait maintenant appeler Jackson Atwood, après l'avoir torturé au fond de sa cave jusqu'aux portes de la mort. Depuis, elle est restée relativement sage, tâchant patiemment de se faire passer pour une fille sans histoire et un peu réservée auprès des habitants de Boulder. Etre employée comme vendeuse dans la librairie-papeterie de Maxwell Collins l'a aidée à se construire cette image et à s'intégrer un peu à la communauté, quoiqu'elle demeure très solitaire en réalité, assez peu disposée à se faire des amis. Pourtant, Max l'intéresse beaucoup. En torturant Jackson, elle s'est attaquée à la force brute, mais si Max devenait sa prochaine victime, les enjeux seraient plus palpitants, car elle pressent que son patron est quelqu'un d'intelligent, qui ne se laisserait pas bêtement séduire et entrainer dans sa cave. En réalité, elle éprouve beaucoup de désir à l'égard de monsieur Collins : le fait qu'il ait l'air d'avoir rêveusement quelque chose à cacher la fascine complètement. A vrai dire, Ely est de plus en plus captivée par les membres du groupe des Dreams&Ghosts, à qui elle a toujours envie de... faire du mal. Bizarre, n'est-ce pas ? En attendant le moment opportun, elle a décidé de lentement se rapprocher de Max. De son côté, Max ne voit pas Ely comme une simple employée. Il la trouve sensible et d'une grande beauté sous ses airs timides. En fait, il pense de plus en plus souvent à elle. Ca vire à l'obsession. Il a envie de lui demander l'autorisation de la peindre, mais il ne la connaît pas encore assez bien et il est toujours étrangement embarrassé et maladroit avec elle. Pourtant, il sent qu'au fond elle est différente de ce qu'elle montre dans la vie de tous les jours. Il y a en elle quelque chose qu'il aimerait saisir, qui est beau mais qui fait peur.

Pour ses études, Tina passe plus de la moitié de son temps le nez plongé dans des bouquins. Il ne fait donc aucun doute que la jolie librairie de monsieur Collins est pour elle un endroit de prédilection. Le jeune homme, ayant repéré cette demoiselle qui vient régulièrement lui commander des livres, est immédiatement tombé sous son charme. Comme la plupart des étudiants de sa licence, d'ailleurs, car Tina est à la fois populaire et adorable. Ils ont commencé par parler d'Art et de littérature, à échanger des lectures, jusqu'à ce que Tina glisse son numéro de téléphone entre les pages d'un roman que lui avait prêté Max et que celui-ci en profite pour l'inviter à dîner avec lui. Ca fait quatre mois maintenant qu'ils se fréquentent et sortent régulièrement ensemble. Tina sait que Max est bien pour elle, parce qu'il est drôle, touchant et attentionné. D'une certaine façon, elle l'aime. Mais, hélas, elle ne ressent pas la petite étincelle qui la picotait et la passionnait lorsqu'elle sortait avec ce crétin de Mathias. Et ça l'énerve énormément. Pourquoi ne pourrait-elle pas tomber amoureuse d'un beau jeune homme à l'esprit fin dont elle partage les valeurs ? Pourquoi, malgré tous ses efforts, repense-t-elle toujours à son irresponsable et puéril ancien petit-ami de lycée ? De son côté, Max ne cherche pas encore à se demander s'il est amoureux de Tina ou non. Il aime passer du temps avec elle, il aime la prendre dans ses bras, et pour le moment ces doux moments en sa compagnie sont suffisants pour le rendre heureux sans qu'il ne se pose trop de questions.

Avant l'accident, Tina et Mathias formaient un couple. C'est leur amie commune, Tania, qui les a présentés l'un a l'autre et qui les a encouragés à sortir ensemble, comme elle-même sortait alors avec le cousin de Mathias, Ezechiel. Les voici donc devenus un quatuor inséparable. Jusqu'au jour où... Cet accident de voiture qui plongea Tania dans le coma, c'est Mathias qui en est la cause. Cela, Tina a pu le lui pardonner, quoiqu'il ait aussi mis sa vie à elle en jeu. Ce qu'elle ne supporta pas, c'est que Mathias, en plus d'être trop immature pour présenter de vraies excuses, ne lui prêta plus la moindre attention dès lors qu'ils apprirent que Tania était plongée dans le coma. Il était secrètement amoureux de sa meilleure amie, et ne prétendait même plus le cacher. Tina comprit que cet accident les avait irrémédiablement éloignés les uns des autres, et elle n'adressa plus la parole à Mathias. Quand Ezechiel déclara qu'il allait déménager, cinq ans après l'accident, elle sauta sur l'occasion et décida elle aussi d'entamer une nouvelle vie, laissant Mathias derrière elle. Cependant, maintenant que Tania est sortie du coma et qu'elle a décidé de poursuivre Ezechiel, Mathias lui a emboîté le pas, et les voici de nouveau tous les quatre dans la même ville. D'ailleurs, Mathias trouva un emploi au haras, précisément là où Tina travaille. La jeune femme se montre assez dure avec lui, lui donne toutes les tâches les plus ingrates et l'évite autant que possible. Mathias, de son côté, a l'impression de découvrir une nouvelle Tina, plus affirmée, plus sûre d'elle, et pour le moins piquante. Si seulement il pouvait lui montrer que lui aussi a envie de devenir meilleur, peut-être qu'ils pourraient... au moins repartir sur de bonnes bases ?

Quand elle est arrivée au lycée, Tina se sentait très différente et solitaire. C'est Tania, qui a deux ans de plus qu'elle, qui l'a remarquée et prise sous son aile. Tina était très admirative car sa nouvelle amie était la fille la plus populaire du lycée. Elle a vécu un peu dans son ombre en suivant ses traces, et les deux jeunes filles se considéraient comme les meilleures amies qui soient. Quand Tania est sortie avec Ezechiel, elle a présenté à Tina le cousin de celui-ci, et ils sont naturellement sortis ensemble à leur tour. Mais il y a eu ce terrible accident... Ils ont tous les quatre eu la peur de leur vie, et Tania est tombée dans le coma. Tina est restée longtemps à son chevet avec les deux garçons, mais elle a eu tôt fait de comprendre que son amoureux restait auprès de Tania non par simple amitié mais bien parce qu'il en était lui aussi amoureux. Se sentant délaissée, et ayant l'impression que, même dans le coma, Tania obtenait toujours l'affection de tout le monde mieux qu'elle, Tina a fini par ne plus aller la voir à l'hôpital et par ne plus du tout adresser la parole à son ancien amoureux. Cinq ans après l'accident, quand Ezechiel lui a dit qu'il partait pour s'installer dans une autre ville, Tina a décidé de faire de même, et de prendre un nouveau départ. Elle a bien l'intention de vivre sa propre vie au lieu de ne vivre qu'à travers celle de Tania. D'ailleurs, ce déménagement a beaucoup profité à Tina, qui est désormais une des meilleures élèves de sa promotion, qui fait partie de plusieurs associations étudiantes et qui dispense même des heures de tutorat pour les élèves en difficulté. Elle a repris confiance en elle et a définitivement retrouvé le sourire. Mais, maintenant que, sept ans après l'accident, Tania est sortie du coma et qu'elle est venue habiter dans notre petite ville, comment vont se passer les retrouvailles entre les deux anciennes amies ?...

Tina a arrêté de paraître, au yeux d'Ethan, la fille la plus sexy de l'Université, lorsqu'il s'est rendu compte qu'elle était aussi probablement l'une des plus intelligentes. En effet, cette "odieuse petite chipie" l'a surpris derrière la fac en compagnie de l'une de leur prof de littérature [Charlotte Gregory], alors qu'il était en train d'essayer de l'embrasser mais que celle-ci le repoussait discrètement. Tina aime beaucoup mademoiselle Gregory et, à l'inverse, elle a une piètre opinion de ce beau gosse prétentieux. Elle a bien l'intention de savoir ce qui se trame entre lui et la jolie professeur et, pour se faire, elle s'est arrangée pour être nommée tutrice du jeune homme, comme il n'a pas la moyenne en Littérature du 19ème siècle. En d'autres circonstances, Ethan aurait été ravi d'avoir une aussi charmante tutrice, et se serait arrangé pour passer ses deux heures hebdomadaires de tutorat de façon agréable (et ce, sans parler une minute de ces ennuyeux poètes du 19ème), mais, dès leur première entrevue, Tina a mis les choses au clair : avec elle, il va travailler, et, s'il n'obtient pas de meilleurs résultats ce semestre, elle fera un scandale en étalant ses suspicions au sujet de son amourette avec mademoiselle Gregory. Tina ne l'avouera jamais mais, bien sûr, elle fait tout cela pour venir en aide au jeune homme, car elle est persuadée qu'il vaut mieux que ce qu'il montre de lui à première vue. Ethan, maussade, n'aime pas qu'une demoiselle essaie de le sauver malgré lui, et il a bien l'intention de lui prouver que sa réputation de beau jeune homme sans cœur est méritée.

Pour ses études, Tina passe plus de la moitié de son temps le nez plongé dans des bouquins. Il ne fait donc aucun doute que la jolie librairie de monsieur Collins est pour elle un endroit de prédilection. Le jeune homme, ayant repéré cette demoiselle qui vient régulièrement lui commander des livres, est immédiatement tombé sous son charme. Comme la plupart des étudiants de sa licence, d'ailleurs, car Tina est à la fois populaire et adorable. Ils ont commencé par parler d'Art et de littérature, à échanger des lectures, jusqu'à ce que Tina glisse son numéro de téléphone entre les pages d'un roman que lui avait prêté Max et que celui-ci en profite pour l'inviter à dîner avec lui. Ca fait quatre mois maintenant qu'ils se fréquentent et sortent régulièrement ensemble. Tina sait que Max est bien pour elle, parce qu'il est drôle, touchant et attentionné. D'une certaine façon, elle l'aime. Mais, hélas, elle ne ressent pas la petite étincelle qui la picotait et la passionnait lorsqu'elle sortait avec ce crétin de Mathias. Et ça l'énerve énormément. Pourquoi ne pourrait-elle pas tomber amoureuse d'un beau jeune homme à l'esprit fin dont elle partage les valeurs ? Pourquoi, malgré tous ses efforts, repense-t-elle toujours à son irresponsable et puéril ancien petit-ami de lycée ? De son côté, Max ne cherche pas encore à se demander s'il est amoureux de Tina ou non. Il aime passer du temps avec elle, il aime la prendre dans ses bras, et pour le moment ces doux moments en sa compagnie sont suffisants pour le rendre heureux sans qu'il ne se pose trop de questions.

Personne ne souhaite se trouver dans les parages lorsque Belle croise Gaspard, quelque part dans Boulder. Il y a quatre ans, ces deux-là ont été en couple pendant environ huit mois. Bien des habitants pensent que c'est quasi-miraculeux qu'ils aient survécu aussi longtemps. Si, avant de commencer à sortir régulièrement ensemble, Belle et Gaspard apparaissaient comme le couple parfait, du jour où ils ont été ensemble, allez savoir pourquoi, leur idylle naissante a vite tourné à la catastrophe. Dispute sur dispute, eux qui sont d'ordinaire de caractères assez doux, ils n'ont eu de cesse de se séparer et de se retrouver, jusqu'à ce que Gaspard disparaisse mystérieusement sans donner de nouvelle pendant un mois. Belle ne lui a jamais pardonné cette désertion. Pour couronner le tout, Gaspard a désormais pour colocataire une petite personne insignifiante, qu'il dit avoir rencontrée à Montrose, répondant (lorsqu'elle trouve sa langue) au nom de Capucine Poesy. Belle l'appelle plus volontiers "le chien-chien" de Gaspard. Le plus pénible dans tout cela est que, malheureusement, les deux anciens amants se croisent quand même très souvent, puisqu'ils travaillent au même endroit (c'est d'ailleurs sur leur lieu de travail qu'ils se sont rencontrés, au départ), Gaspard étant prof à l'Université et Isobel directrice de la bibliothèque universitaire. C'est donc assez régulièrement que l'on assiste à leurs petits échanges de reproches et de répliques cinglantes. C'est souvent Belle qui met le feu aux poudres et qui ouvre les hostilités, Gaspard se contentant généralement de lui répondre, évitant soigneusement tout contact avec elle car, au fond, il sait qu'elle a de bonnes raisons de lui en vouloir, mais il n'est vraiment pas prêt à lui raconter les raisons de sa disparition temporaire...

Jusqu'à assez récemment, Gaspard pratiquait l'auto-psychanalyse, ce qui était évidemment une bien mauvaise idée car nul ne saurait-être son propre médecin. Pourtant, sa pathologie a pris une telle ampleur qu'il a cherché un psychologue pour lui venir en aide. Son choix s'est porté sur Aimée McLawrence, qui n'est autre qu'une de ses anciennes élèves, et des plus brillantes. Au départ, il lui a dit qu'il voulait seulement discuter avec elle, et surtout pas à son bureau, mais, le temps passant, et ayant vraiment confiance en elle, il a fini par accepter de prendre un rendez-vous hebdomadaire à l'hôpital Sainte-Lucie. Parler avec elle lui fait du bien, mais il sait qu'il n'avance pas, qu'il a de plus en plus besoin de prendre des anti-dépresseurs pour tenir le coup les soirs de pleine lune, et il commence à sérieusement désespérer de se guérir un jour de sa sélénophobie. Aimée reste toujours très positive et encourageante, mais au fond elle est vraiment inquiète pour son patient, qui fut son mentor pendant ses années d'études. De plus, l'insistance avec laquelle le Dr Stuart, diagnosticien à l'hôpital, interfère et la dérange pendant ses séances avec Gaspard, commence à lui taper sur le système, quoique, en réalité, elle se demande si cet affreux cynique n'a pas un peu raison : d'après lui, Gaspard a peut-être une tumeur au cerveau, ce qui lui déclencherait ses sortes de "crises". Pour le moment, elle n'a pas perdu foi en la psychanalyse et elle espère pouvoir aider Gaspard à guérir sans avoir besoin de l'aide de Théophile Stuart.

Il y a quatre ans, par une belle nuit de pleine lune, Gaspard essaya de maîtriser à grand peine une crise de lycanthropie. Il prit sa voiture et conduisit jusqu'à "n'importe où", peu lui importait la direction tant qu'il concentrait son esprit sur autre chose que sur l'idée de la lune qui brillait haut dans le ciel. Vous me direz qu'il aurait mieux fait de rentrer chez lui et de se coller la tête sous un oreiller mais, non, il préféra rouler sans s'arrêter jusqu'à la petite ville de Montrose, où il dut s'arrêter pour faire le plein d'essence et se chercher un hôtel. Comble de malheur, c'est une fois garé, se croyant sain et sauf, qu'il regarda par mégarde dans son rétroviseur et qu'il put y contempler le reflet de la lune. Il perdit connaissance et se réveilla, deux heures plus tard, allongé au fond d'une ruelle. Le pire, c'est que, à côté de lui, il trouva le corps inerte d'une jeune fille. Il l'emmena à l'hôpital en étant persuadé de l'avoir attaquée pendant qu'il était transformé en loup-garou, et il se promit de tout faire pour la sauver et se faire pardonner auprès d'elle dès qu'elle serait revenue à elle. A l'hôpital on lui expliqua qu'elle avait fait une overdose, ce qu'il ne crut qu'à moitié, certain d'être pour quelque chose dans la mésaventure de la demoiselle mais incapable de se rappeler de ce qu'il avait fait pendant ses deux heures de trou noir. Il resta plusieurs semaines à Montrose auprès de Capucine sans trouver le courage de lui avouer qu'il pense lui avoir fait du mal. Elle non plus ne se souvient de rien, mais quelque chose en elle la pousse à avoir confiance en Gaspard. Il l'a convaincue de faire une cure de désintoxication et l'a aidée financièrement, par la suite, pour aller faire ses études en France, où elle a de la famille. Ils n'ont eu de cesse de correspondre pendant les trois années d'éloignement qui suivirent mais, le mois dernier, Capucine a décidé de reprendre l'avion en sens inverse : elle est récemment venue habiter Boulder, en tant que colocataire de son cher et estimé Gaspard. Peut-être qu'enfin ces deux êtres isolés ont trouvé un véritable ami sur lequel compter ?

En tant qu'éminent Criminologue, Gaspard est quelquefois sollicité par les autorités locales (pas très souvent heureusement, car ce serait mauvais signe qu'un trop grand nombre de dangereux criminels courent dans une aussi petite ville que Boulder, n'est-ce pas ?). Celle à qui il a généralement affaire dans ces cas-là n'est autre qu'une toute frêle et toute jeune femme nommée Essylt Hamilton. En outre, les fois où celle-ci lui a demandé son opinion pour certains profils criminels, il s'est bien aperçu qu'elle l'interrogeait sur des affaires dont les journaux locaux n'ont jamais parlé. Les deux premières fois, elle lui a tenu un petit discours souriant saturé de petites plaisanteries mignonnes visant à le prier de garder pour lui ce qu'il aura eu l'occasion de lire et d'affirmer au cours de leurs entretiens, mais il a bien senti une sorte de sauvagerie en sourdine au fond de la voix de mademoiselle Hamilton : de toute évidence, elle n'est pas le genre de créature à qui il est sage de désobéir et, quand elle prend un ton mielleux, elle sait se faire très bien comprendre sur ce point. Il est évidemment fortement intrigué par cette jeune femme qui semble cacher sous une élégante délicatesse une singulière férocité. Quant à Essylt, elle apprécie Gaspard humainement et professionnellement, elle l'admire et estime son opinion. Elle lui fait confiance pour garder secrets les éléments d'enquête qu'elle lui dévoile en partie lors de leurs entretiens au poste de police, mais elle se doute également qu'il est curieux de savoir pourquoi elle l'interroge sur des profils inconnus du public, et suffisamment intelligent pour deviner qu'elle n'est pas exactement ce qu'elle prétend. De tout son cœur, elle espère qu'il sera plus raisonnable que curieux, et qu'il ne lui viendra jamais à l'idée d'enquêter pour savoir ce qu'elle est réellement.

Malgré les interdits, malgré l'étrangeté de la situation, malgré toutes les contre-indications, Callista et William sont tombés amoureux. Eperdument, profondément, sincèrement. Comme dans les contes de fées. Ils ont tenté de résister pendant presque un an. William croyait devenir fou : il était son prof de Philo, il ne lui était pas permis de tomber amoureux d'une élève, et pourtant !... Finalement, c'est Callie qui a précipité les choses, un jour qu'elle est entrée dans son bureau sous un prétexte quelconque. Elle a promis qu'elle ne dirait rien à personne, qu'ils pourraient s'aimer en secret, elle lui dit qu'elle souffrait de ne pas pouvoir l'embrasser... alors, William l'embrassa. Ils vécurent leur idylle en secret pendant six mois. Et un beau jour, Callie disparut comme par magie : elle ne vint plus en cours et ne répondit à aucun de ses appels. William apprit finalement qu'elle avait déménagé dans une autre ville et intégré une autre Université. En effet, Callista était tombée enceinte de lui, et sa famille lui avait posé un ultimatum : elle devait tout quitter et recommencer une nouvelle vie dans une autre ville, sans chercher à revoir le père de l'enfant. D'ailleurs, quand Callie déclara qu'elle voulait avoir cet enfant, elle fut quasiment exclue à vie de sa propre famille, et pour ainsi dire jetée dehors. Ses parents lui choisirent tout de même une autre Université dont il payèrent les frais, mais Callie dut se débrouiller pour se loger et même pour avoir son enfant. Mais elle ne laissa pas sa vie tourner au cauchemar, et finit par s'en sortir. Désormais, elle a arrêté la Philo et étudie les Lettres dans notre jolie Université. Le hic ? L'Université a changé de directeur il y a trois mois, et le nouveau doyen n'est autre que... William Newton. Pour le moment, William n'a pas cherché à voir Callie seul à seul, mais il pense à elle constamment et ne comprend toujours pas pourquoi elle s'est enfuie. Quant à Callie, le changement de directeur de l'Université l'a beaucoup perturbée : quand elle apprit que c'est son ancien professeur et amoureux qui prenait la tête de l'établissement, elle n'en dormit plus et se demanda comment elle allait pouvoir lu cacher qu'il a un fils de deux ans... Pour le moment, donc, ils s'évitent.

Aaron, c'est le "Robin des Bois" de Callie. Elle le voit comme une sorte de jeune hors-la-loi au grand coeur, et comme son Prince Charmant, car il l'a sauvée, il l'a recueillie et choyée, quand elle n'avait nulle part où aller. Elle l'a en effet rencontré par hasard, à l'hôpital, quelques semaines après la naissance de son fils. Il a une façon adorable de prendre soin d'eux, sans jamais la juger, et Callie, elle, elle ne le juge pas non plus au sujet de son véritable "petit boulot". Elle ne lui a pas dit que son fils est l'enfant du doyen de l'Université. Maintenant qu'ils sont colocataires depuis deux ans (car Aaron les a invités à venir habiter avec Théo et lui), ils sont presque inséparables. Aaron est la seule personne à qui Callista fasse assez confiance pour laisser son fils lorsque la babysitter ne peut pas se déplacer. D'ailleurs, le petit bonhomme a commencé à appeler Aaron "tonton", et ce n'est pas pour déplaire au jeune homme. Quand il est seul avec l'enfant et qu'il l'emmène au parc, beaucoup de jeunes demoiselles viennent les voir pour dire à Aaron que le petit est mignon, ce qui permet à notre charmant W&L de nouer des relations avec de jolies filles... Parallèlement, il donne des conseils de séduction au petit garçon, quand Callie a le dos tourné. Lui qui n'avait pas l'habitude des responsabilités, le voici qui prend soin de Callista et du petit, et qui les protègerait à n'importe quel prix, et le plus surprenant dans tout cela, c'est qu'il considère cela comme une chance et non comme une contrainte...

Aux yeux de Callista, October n'est autre qu'une fée, une "bonne marraine" digne des plus jolis contes pour enfants. Quand elle est arrivée à l'hôpital, peu de temps avant de mettre son fils au monde, Callista s'est sentie observée, jugée, on plaignait ou on désapprouvait une si jeune femme d'être enceinte et de venir sans être accompagnée du père de l'enfant à naître. D'ailleurs, elle n'a pas même été épaulée par quelques membres de sa famille pour traverser cette épreuve. Au milieu de tous ces bruits de couloirs et murmures dans son dos, October est apparue comme sa seule alliée : elle l'a soutenue, encouragée, elle lui a dit à quel point son fils avait de la chance d'avoir une maman aussi courageuse, et elle lui a même tenu la main pendant l'accouchement, quand Callista a été prise de panique. Dès qu'elle a besoin d'un avis médical, Callie ne fait vraiment confiance qu'à Octo, même si elle est seulement infirmière. Elles sont restées très proches, même après que la jeune maman a quitté l'hôpital, et Octo est profondément attachée à elle et à son fils. Du reste, quand il a fallu choisir une marraine pour le petit garçon, le choix s'est imposé comme une évidence, et c'est la douce infirmière que Callista a choisie, ce que l'intéressée considère comme un immense honneur, qui a définitivement scellé entre elles un lien de complicité indestructible. Heureusement qu'October est mariée et porte le nom de Taggart, vous ne trouvez pas, lecteur ? Et, si Callista avait ne serait-ce que songé par amusement à lui demander son nom de jeune fille, October, en répondant "Newton", aurait sans doute vu la jeune Bennet blêmir d'un coup. Dans un coin de son esprit, Callie sait que William a une soeur, mais ils n'en ont jamais parlé ensemble, et elle ne peut donc pas se douter que, cette soeur, c'est Octo. Mais notre petite ville n'est pas connue pour laisser doutes et secrets en repos, n'est-ce pas ?...

Ne surtout pas se fier aux airs de beau gosse et aux yeux clairs d'Ewan. S'il y a une chose que Callie sait bien faire, c'est cerner les gens et voir au-delà des apparences, et, une chose est sûre, elle n'a pas du tout confiance en ce monsieur Anderson. Elle le perçoit un peu comme le personnage du Shérif de Nottingham, dans "Robin des Bois" (qui est l'un des contes préférés de la jeune femme), et elle se méfie de lui. Et puis d'ailleurs, Callie se méfie de tous les T&G, car d'après elle il n'est pas normal d'être aussi pessimiste qu'ils le sont. Ils ne se sont pas exactement "rencontrés" : en réalité, Callista a vu Ewan suivre partout une jeune femme blonde [Sixteen Harrold] d'une grande beauté et a trouvé cela très louche. Craignant que cet homme soit un prédateur et qu'il fasse du mal à l'inconnue, Callie a décidé de le suivre à son tour. Malheureusement, comme elle n'est pas bien douée pour la filature, Ewan n'a pas mis dix minutes à s'apercevoir que Sixteen et lui étaient suivis par une petite impertinente. Puisqu'il est le garde du corps de Sixteen, il est payé pour repérer les éventuels tordus qui voudraient s'approcher de trop près de la petite princesse. Donc, ayant raccompagné la jeune femme à l'hôtel, il ressortit lui-même dans la rue et fit mine de ne toujours pas voir que Callista continuait de le suivre. Il emprunta une ruelle dépeuplée et, quand il fut sûr de n'être vu de personne, il fit volte-face et fonça sur l'espionne. Callie crut mourir de peur en se voyant découverte ! Il lui dit avec rudesse qu'il comprenait qu'il soit sexy et qu'elle ait envie de le suivre partout mais qu'il se verrait dans l'obligation de porter plainte si elle ne s'occupait pas de ses oignons. Callista a pris ses jambes à son cou le plus vite possible mais n'a pas renoncé à se renseigner sur cet homme, car elle craint que la jeune femme blonde qu'il suivait soit en grand danger. Ewan, pour sa part, n'a pas pris la peine de dire à l'inconnue que, s'il suit mademoiselle Harold, c'est parce qu'il est son garde du corps : bien au contraire, ça l'amuse que la jeune demoiselle le prenne pour un potentiel criminel, c'est presque flatteur de faire aussi peur à quelqu'un, vous ne trouvez pas ?